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L’Astrologie Occidentale comme l’Astrophysique, semblent puiser à même Homère, qu’il s’agisse de nommer un astre, ou bien d’étudier une carte du Ciel. Et la famille des Dieux grecs nous est certainement plus familière que la liste des présidents de la troisième République.
Dans cet article où j’approche les travaux d’un illustre helléniste inconnu: Louis-Nicolas Ménard, je vais tenter de restituer l’impact de son œuvre sur ma pratique astrologique.
Plan :
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Introduction
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Le Polythéisme Grec (flash)
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Portrait de Louis-Nicolas Ménard (LNM)
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Le Polythéisme Grec selon LNM
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L’Hellénisme ou le Socle de l’Astrologie Occidentale
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2. Le Polythéisme Grec (flash)
Le Polythéisme Grec, bien que considéré comme la forme aboutie du Polythéisme en général, est le plus souvent présenté comme un système religieux archaïque et dépassé.
Dépassé, bien-sûr, par la modernité des Monothéismes, et particulièrement dans la culture Occidentale, par celle du monothéisme chrétien. L’argument avancé le plus commun est fade et creux : l’avantage du monothéisme résiderait dans le passage du Multiple à l’Un.
Le mot ‘religion’ était inconnu des grecs anciens. Le terme demeure un fourre-tout où cohabitent des systèmes sociétaux constitués de catégories fort distinctes (par ex. : telle ‘religion’ englobera la vie administrative & politique, alors qu’une autre se bornera à des offrandes & des rituels…). Cela-dit, en simplifiant, considérons ‘l’Hellénisme’ comme la religion des grecs anciens, et révisons ensemble (sourire) ses traits connus les plus marquants.
Cet Hellénisme d’avant les philosophes, est une religion sans dogme qui imprègne toute la vie grecque ; mais la société grecque n’est pas une théocratie, le clergé n’y tient aucun rôle politique. Avant de souligner les valeurs & principes essentiels, passons rapidement sur les éléments les plus connus :
Les Dieux Grecs sont à l’image des humains. Ils sont organisés en famille. Ils incarnent des principes qui sont rappelés par leur apparence, leurs attributs, leur caractère, leurs péripéties et leurs symboles. (C’est précisément ce qui permet d’exercer l’astrotypo : les Dieux grecs sont des types humains, des caractères illustrant des principes.)
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L’Hellénisme ignore la notion de péché et encore plus celle de « péché originel » : les païens helléniques ne recherchent ni rédemption ni salut. Les préoccupations sur l’après-mort occupent peu de place en général. Par contre, ils connaissent la notion de miasma, souillure matérielle et morale dont il faut se purifier.
L’hybris est le principal vice. Il consiste en une audace irraisonnée qui fait oublier à l’homme ses limites, sa condition, outrageant les Dieux par manque de respect. L’homme se heurte ici au destin dont certains estiment que Zeus est le maître, mais que d’autres, à la suite d’Homère, placent au-dessus de la volonté même du Père des Dieux et des hommes.
C’est pourquoi une conduite raisonnable et rationnelle est valorisée. Raison et religion ne s’opposent pas parce que la philosophie, ou amour de la sagesse, est fille du culte delphique, le premier centre de sagesse en Grèce ancienne.
Le culte du beau, fondamental dans cette religion, car manifestation de l’harmonie du monde dont les Dieux sont le foyer et leur culte le garant, conduit à la valorisation du corps et de la vie sexuelle, libérée des tabous chrétiens, amputant l’expression de la nature humaine.
[Lien Wikipédia]
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3. Portrait de Louis-Nicolas Ménard (LNM)
Les initiales de Louis-Nicolas Ménard (‘LNM’) épellent adéquatement l’Hellénisme dont il fut le phare.
Louis-Nicolas Ménard nait le 19 octobre 1822 à Paris. Contemporain de Baudelaire, c’est lui par exemple qui l’initie au cannabis (la fameuse confiture verte) dans le grenier de l’appartement familial des Ménard.
Il sera tour à tour ou à la fois, poète, philosophe, chimiste et découvreur (du collodion), peintre (dans la mouvance de l’Ecole de Barbizon), révolutionnaire exilé (en Belgique & en Angleterre), professeur, écrivain… Et surtout, l’un des plus grands esprits et chantres francophones de l’Hellénisme.
Ses opinions politiques profondément démocratiques et sociales, ainsi que sa critique lucide du Monothéisme, ajoutées à son esprit libre et généreux, l’ont fait écarter précocement des allées les plus courues de la renommée.
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Découvrons son thème natal (sans l’Ascendant, et orienté pour le lever du Soleil) :
Les Soleil et Vénus en Balance signalent l’artiste. Le signe de l’équinoxe d’automne ainsi habité, sied parfaitement à cet homme passionné d’antiquités grecques, d’arts, d’équilibre et de justice sociale. Junon au sommet du Ciel (pour un Soleil au lever) vient encore confirmer le précédent.
L’occupation du signe du Sagittaire appuie sur l’intérêt philosophique, spirituel et humaniste ; Mars et la Lune (opposée au Jupiter en Exil) y dévoilent en outre la passion pour la peinture, ainsi que l’aspect cosmopolite de ses vues et de son existence.
Saturne Taureau, au trigone de la triplette Neptune Uranus Vesta, début Capricorne, viennent ensemble cette fois, signer les capacités scientifiques… Que Mercure Scorpion, Pallas et Cérès Verseau vont encore aiguiser.
On remarque pile sur Uranus Capricorne et dans la Maison Solaire III, l’étoile fixe Kaus Borealis (lambda Sagittarii). Dite de nature ‘Mercure Mars’ (soit d’un effet redoublant l’audace intellectuelle d’Uranus), elle favoriserait le goût et le talent pour exprimer et défendre l’idéal, la liberté et la justice.
Le Grand Triangle formé des Jupiter Gémeaux – Vénus Balance – Pallas Verseau (un beau triangle encore intensifié par ses aspects à la Lune Sagittaire) synthétise les hautes valeurs intellectuelles, morales, artistiques et scientifiques de notre personnage.
3. Le Polythéisme Grec selon LNM
Selon Louis-Nicolas Ménard : le Panthéisme correspond au système des castes, le Monothéisme à la monarchie, le Polythéisme à la république. Seul le Polythéisme est compatible avec la république.
« Le monothéisme est la religion des esclaves, le polythéisme celle des hommes libres. »
Louis Ménard estime ainsi, comme Renan, que la Grèce est la vraie Terre sainte pour ceux dont la civilisation et la beauté sont le culte. La conception religieuse de la Grèce est inséparable de son génie. Sa notion propre est l’idée de la loi, c’est-à-dire de l’ordre universel, de l’harmonie. Les divinités helléniques sont des lois vivantes, dans la société comme dans la nature : l’univers est une symphonie éternelle.
« Dans l’alternance régulière des saisons, dans l’éternelle symphonie du cosmos, les Grecs trouvèrent la révélation de la loi. Les Olympiens ne sont pas les lumières du ciel, comme les dieux védiques, ils sont les lois d’ordre, de proportion et d’harmonie qui se révèlent à nos sens par la beauté, à notre esprit par la justice » (Simboliqe [sic] religieuse, 1898).
La mythologie est donc la clef de la civilisation grecque ; elle est « la langue naturelle des religions » et le principe de la symbolique est un fait acquis : les religions sont des ensembles de symboles, des idées exprimées par des images. Les conceptions antiques renferment une notion plus juste de la vie universelle que toutes nos abstractions mortes et ont, de plus, l’avantage de fournir des types à la peinture et à la statuaire. Chaque statue grecque étant la traduction d’une pensée collective…
Beaucoup de ces lignes, inspirées par la lecture de l’œuvre de L. N. Ménard, sont de la plume de Véronique Dumas, l’auteur d’une notice consacrée à notre personnage, et docteur en histoire de l’art.
[Lien Inha – Véronique Dumas]
J’ai surtout voulu transmettre le message, et pour le faire, j’ai préféré la prose de femmes audacieuses, compétentes et inspirées, à mes habituelles paraphrases alambiquées. Vous pouvez ainsi, également consulter un article paru dans le Monde, « L’antiquité et les monothéismes », de l’académicienne Danièle Sallenave, qui avec élégance et concision, détaille et salue ces mêmes vertus, puisées dans l’œuvre de Louis-Nicolas Ménard.
« Le Polythéisme est cependant différent du Panthéisme. Pour ce dernier, les êtres ne sont que des attributs de la substance unique. D’où l’impossibilité de fonder une individualité. Mais alors que le Monothéisme fait place à l’individu, il le soumet au contrôle de l’Un. Pour Ménard, diversité et pluralité constituent le fond du réel. La nature est un ensemble de forces mais ces forces sont indépendantes, elles s’équilibrent mais ne se réduisent pas l’une à l’autre, dans l’immense panthéon grec, il y a de la place pour tous les dieux.
L’affrontement des contraires créé l’harmonie, un principe ne pouvant jamais absorber tous les autres. L’homme et son esprit font partie de la nature. La coupure ontologique du monothéisme avec son Dieu transcendant et créateur n’existe pas.
Les divinités helléniques ne sont pas seulement, comme celles des autres nations, des Forces, des Puissances, des Causes, ce sont des Lois vivantes. Et à cette religion de la Loi correspondent la morale du droit appliquée dans la cité républicaine, et le culte de la beauté manifesté dans l’art. »
[Lien Le Monde – Danièle Sallenave]
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5.L’Hellénisme ou le Socle de l’Astrologie Occidentale
« Les anciens Grecs, dit Hérodote, ne savaient pas les noms des Dieux; ils les appelaient simplement les Lois, à cause de l’ordre qui règne dans l’univers. »
Cette vision grecque de l’ordonnancement du monde, distribuée en lois et en autant de Dieux qu’il est nécessaire pour en porter les principes… Oui, ce culte de l’Ordre et de l’Harmonie permet d’élucider pour une part, le fait que l’Astrologie fonctionne.
Parmi tous ses délicieux mystères, je m’interrogeais souvent sur le fait qu’un astrologue pratiquant le grand Art avec assez de réussite, le faisait à l’aide de positions astronomiques d’astres baptisés par des scientifiques, du nom des divinités du Panthéon gréco-romain… ?!
Jusqu’à nos jours, la part métaphysique inhérente à l’Astrologie ne permet pas de produire de preuve. Telle une religion, l’Astrologie n’est toujours pas scientifiquement vérifiable. Aussi, pour un praticien parfois anxieux qu’on ne reconnaisse la beauté et la part de vérité encloses dans ce doux violon d’Ingres, il est savoureux de constater que la religion grecque antique, l’Hellénisme, et pour une grande part, les principes illustrés dans la Mythologie Grecque, constituent une sorte de religion de l’Ordre Universel… Une Ode à la Raison.
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