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Les Femmes à la naissance du Cinéma
Ce billet, plutôt qu’insister sur les figures souvent débattues des frères Lumières, Méliès, Edison ou Chaplin… va suivre le parcours de deux femmes -avec leur double marque sur le 7e art, comme réalisatrice & comme actrice… :
Alice Guy & Lillian Gish
– la première réalisatrice au monde avec des fictions tournées dès les débuts du Cinéma ;
– et l’une des personnalités les plus marquantes du cinéma muet.
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Plan
1. Intro
2. Historique
3. Alice Guy
4. Lillian Gish
5. Synthèse & Liens
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1. Bref historique du pré-cinéma
Photographie & suite dans les idées
La fin du dix-neuvième, les progrès de la photographie (qui naît en 1839 sous l’impulsion de Jacques Daguerre), l’analyse de la locomotion qu’elle permet via les prises de vue répétées (Muybridge), la redécouverte du phénomène de persistance rétinienne favorisant l’illusion du mouvement (la capacité du cerveau de lier entre elles plusieurs images séparées) …
Ribambelle de boites à lumière
Une multitude d’inventions et découvertes rassemble rapidement les différents outils et moyens nécessaires au cinéma : la roue de Faraday (1830), le thaumatrope, le phénakistiscope, le zootrope, le praxinoscope -un système de projection (1853) inspiré de la lanterne magique, le théâtre optique (d’Émile Reynaud), la pellicule qui permet d’aligner plusieurs images en négatif sur un film transparent (George Eastman), la construction et le brevet d’une caméra avec les 1ères prises de vue (Le Prince, 1888), le film perforé (William Friese-Greene), le kinétoscope la même année (par Edison &Dickson)…
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Premiers standards
Cette période, aussi appelée Pré-Cinéma, semble concentrer l’attention du monde entier sur l’image animée. Le puzzle nécessaire à la naissance du cinéma se constitue au gré d’inventions concurrentes ou complémentaires intervenant dans de nombreux pays. Au point que chaque nation ou presque, peut fêter « son » inventeur du Cinéma. En Allemagne, c’est Max von Skladanovsky avec le bioscope, dès1895. A Paris, c’est le cinématographe des frères Lumières, la même année… pendant qu’en Italie, Eugène Promio invente le travelling (à Venise au printemps 1896).
L’éclosion du Cinéma
Le 22 janvier 1898 nait Sergueï Eisenstein, futur et génial créateur de rythmes visuels. Le 15 mai 1902, Georges Méliès présente son Voyage dans la Lune, qui dure 14 minutes et enchaine les effets spéciaux. Le premier film de fiction (en concurrence avec ceux réalisés par Alice Guy).
Rapidement, encore, les technologies les plus avancées s’exportent pour dominer le marché naissant, les studios surgissent, l’industrie du cinéma s’ébranle…
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Intense expérimentation
Dans l’intervalle, la confusion créatrice, la libre exploration, les 1ers rudiments d’une syntaxe cinématographique (la grammaire du cinéma), les effets spéciaux, la transposition en images animée du récit littéraire, les ressources du cadrage et l’alchimie du montage s’épanouissent.
Entre l’époque de la fantaisie, de l’illusion, des jouets optiques, l’univers des cirques & des foires, et celle de l’industrie cinématographique… Le sas s’entrouvre brièvement, et des femmes d’avant-garde se lancent dans l’aventure : souvent, d’abord, comme simples secrétaires (une profession en plein essor), ou bien comme figurantes, avec l’argument culturel de mieux sentir l’image et toute sa fantaisie…
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3. Alice Guy
Une réalisatrice française, née le 1er juillet 1873 à Saint-Mandé et morte le 24 mars 1968 à Mahwah, dans le New Jersey.
Elle fut sans doute la première réalisatrice au monde avec des fictions tournées aux débuts du cinéma, films dans lesquels elle associe l’image animée des Frères Lumière et l’art théâtral. Elle est la première femme créatrice d’une société de production cinématographique, la Solax Film Co en 1910. Les historiens ont calculé qu’Alice a travaillé sur plus de 1000 films.
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Fille du prospère propriétaire d’une chaîne de librairies au Chili, elle rentre en France à six ans, après la faillite familiale. Après des études de sténographie (une nouveauté à l’époque), elle devient secrétaire pour une société qui produit des vernis. À 21 ans, elle obtient le poste de secrétaire au Comptoir Général de la Photographie, rencontre puis travaille avec L. Gaumont. Son implication s’intensifie lors de l’Exposition universelle de 1900, elle associe l’image animée des Frères Lumière et l’art théâtral dans plusieurs fictions dont : La fée aux choux. Pour Maurice Gianati, historien du cinéma, Alice Guy est bien la première réalisatrice de l’histoire du cinéma.
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Elle utilise par exemple les erreurs des techniciens pour créer ses premiers trucages, en usant de caches, des surimpressions, projetant la bande à rebours.
« Sa carrière, qui débuta en 1896, dura jusqu’en 1920, plus longtemps que celle de beaucoup de ses contemporains: les frères Lumière, George Méliès, Edison… Ce qui témoigne de sa capacité d’adaptation aux demandes changeantes de l’industrie.
Quasi la seule responsable de chaque détail qui apparait devant la caméra dans les films qu’elle tournait chez Gaumont, avant la construction du studio en 1905. Les idées pour les films venaient d’elle, elle parcourait sans relâche les régions autour de Paris pour trouver des locations, elle partait elle-même à la recherche des accessoires et de costumes, en fabriquant beaucoup elle-même. Elle poussait ses amis à jouer des rôles, louait des set-designers, et jouait elle-même dans des films. Plus tard, dans sa propre maison de production Solax aux Etats-Unis, elle eut le contrôle total de chaque film, du script à la direction artistique, jusqu’au montage.
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Elle tourne des films de genres divers (westerns, dramatiques, espionnages, fantastiques, policiers, …) avec des acteurs stars de l’époque du muet. Son succès est foudroyant et lui permet d’investir et de créer un studio à Fort Lee (New Jersey), qui devient dans les années 1910 un lieu important du cinéma mondial. La Metro-Goldwyn-Mayer distribue ses réalisations jusqu’en 1918. »
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Alice Guy présente sa conjonction Mercure-Uranus à l’opposition de Saturne/Verseau, le tout au carré de Neptune… et de Mars, second Maître de l’Ascendant Scorpion, placé en XII.
Nous retrouverons souvent chez les gens de Cinéma de tels marqueurs valorisés (notamment Uranus & Neptune: « le tableau animé »; « le rêve électrifié »…).
Ses Soleil/Cancer/Maison IX & Lune/Vierge/Maison XI, en sextile, résument presque à eux-seuls son activité. (Notamment avec la IX insistant sur le Sagittaire & la XI sur le Verseau.)
Ajoutés à sa conjonction Vénus-Pluton/Taureau, collée sur la pointe de VII et sur la Tête du Dragon, l’ensemble illustre bien la réalisatrice, créatrice d’une société de production cinématographique…
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4. Lillian Gish
Née le 14 octobre 1893* à Springfield, Ohio et morte le 27 février 1993 à New York, est une actrice américaine, une des personnalités les plus marquantes du cinéma muet.
* Although she was already nineteen, she gave her age as 16 to the studio. [Ce qui explique cet écart de 3 ans 1893/1896 souvent rencontré pour sa date de naissance.]
(Cf. : Charles Affron (12 March 2002). Lillian Gish: her legend, her life. University of California Press. )
Issue par sa mère d’une famille anglaise émigrée en Amérique en 1632 et alliée à des immigrants écossais, irlandais et français. Pour alléger la misère, elle suit la voie tracée par sa mère au dam des conventions de l’époque, joue plusieurs années au sein d’une compagnie itinérante, et participe même à une tournée avec Sarah Bernhardt.
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Lillian et Dorothy Gish (sa sœur) débutent au cinéma en 1912, recommandées par Mary Pickford, déjà vedette, à son réalisateur D.W. Griffith. C’est pour Lillian et les autres pionniers du cinéma américain une époque merveilleuse de formation et de création, sans star-system ni contrainte financière excessive.
Bientôt survient le séisme de Naissance d’une nation, le film qui a transformé Hollywood en industrie, où elle est Elsie Stoneman, jeune fille sudiste enlevée par des esclaves affranchis.
C’est elle qui berce le bébé entre chaque épisode du monumental Intolérance, incarnant la mère de l’humanité. Parmi les chefs-d’œuvre qui suivent, on peut citer Le Lys brisé, À travers l’orage ou Les Deux Orphelines…
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Tragédienne juvénile, héroïne pure et courageuse, Lillian devient grâce aux mélodrames flamboyants du maître la Duse de l’écran. En 1955, le grand Charles Laughton, avec La Nuit du chasseur, lui offre un rôle à sa mesure dans un chef-d’œuvre digne de son passé. Elle y joue une femme pure et courageuse.
Elle mène également une carrière théâtrale brillante. A Broadway, entre 1913 et 1976, elle participe à dix-neuf productions. Comédienne exigeante, elle est toujours en recherche de nouveauté. Francis Scott Fitzgerald, par exemple, était l’un de ses plus grands fans. Parmi les pionnières du cinéma, elle est sans conteste une de celles qui lui apportèrent le plus. Elle a aussi beaucoup œuvré pour la conservation des films muets. En 1973 François Truffaut lui dédie (ainsi qu’à sa sœur Dorothy) son film La nuit américaine.
La comédienne dirigera même un film, Remodeling Your Husband (Remodeler son Mari), avec sa sœur Dorothy comme interprète, en 1920.
(Synthèse Wiki & autres.)
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Toutes les deux ont une conjonction Mercure-Uranus, et des Neptune Uranus Vénus Lune très valorisés. Toutes deux vénusiennes: la Balance est soulignée chez l’actrice, le Taureau pour la réalisatrice…
En plus des forts Neptune & Uranus, Lillian Gish présente sa conjonction Lune-Vénus sur l’axe de projection Sagittaire/Gémeaux : la Star féminine.
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5. Synthèse & Liens
L’importance d’Uranus & Neptune (l’électrification du rêve ; l’animation du tableau)
L’axe Gémeaux/Sagittaire…qui lie
– la projection de concepts ou d’images, sur les écrans et au-delà des frontières
(La caméra du Sagittaire) ;
– avec la mise au double, en boite & en cases, même avant que n’interviennent les dialogues
(Le story-board des Gémeaux).
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L’essence globale & trans-frontière du phénomène Cinéma: avec les influx Lune Neptune Uranus Sagittaire Verseau…
Junon & le cadrage; Cérès & le montage
La Lune…avec Soleil & Uranus pour l’éclat… Avec Neptune & Vénus pour le charme, la plastique. Et tous ensemble pour la magie de l’image.
Mercure pour le ‘jeu’… (souvent souligné par Uranus), dès le muet pour l’expression, et encore autrement, sinon davantage lors du parlant.
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Les Femmes & le Cinéma
Sur un plan général, au sujet de l’accès premier des femmes aux métiers du Cinéma, la passerelle du Technique cérésien uranisé (machines, tâches & rapidité) a tout d’abord ouvert une petite & bien modeste porte (secrétariat, dactylo, sténo, accessoires, locations, etc.). La nouveauté faisant de l’adaptation une loi, les Cérès Mercure valorisées sont vite devenues des scriptes et des monteuses si efficaces que ces professions, dès lors, sont considérées quasi féminines.
En complément, l’axe Gémeaux/Sagittaire avec Mercure & Jupiter, les Maisons III & IX : la culture, les échanges, les langues, organiser, voir loin, planifier, écrire… semblent favoriser la fiction, le scénario, la direction.
Le 1er réalisateur au monde fut une femme,
Et ce n’est guère connu…
Cela rappelle le cas toujours trop méconnu d’Ada Lovelace, la fille de lord Byron, et qui mérite pourtant d’être célèbre, pour avoir traduit et annoté une description de la machine analytique de Charles Babbage, un ancêtre de l’ordinateur ; ce qui la fait parfois considérer comme « le premier programmeur de l’histoire »… Le langage informatique ‘Ada’ fut nommé en son honneur.
‘Pionnière’ continue d’être un statut exigeant mais efficace pour s’imposer professionnellement en tant que femme.
Avec l’analogie de base entre la Lune, la femme, le reflet, la fantaisie, l’image… ou encore celle associant la combinaison Lune-Uranus, l’image animée & la femme moderne… le Cinéma ne pouvait décemment lui barrer sa porte.
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Quant à faire face-caméra : avec leurs grands yeux, leur belle chevelure, une silhouette, un teint éclatant…Enfin, tout ce qui épouse avantageusement la pulpe du film et les lumières sur l’écran: la femme possède tous les atouts.
Avec la prédominance fréquente des faisceaux Lune Vénus Neptune Uranus, qui campent bien la femme drapée dans le celluloïd…
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..Liens
– Cineartistes.com/fiche Lillian Gish
Sur youtube:
– « L’Émeute sur la Barricade« , 1906, Alice Guy
– « Falling Leaves », Alice Guy, 1912
– D.W. Griffith, An Unseen Enemy, 1911, Lillian & Dorothy Gish
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